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Au carrefour des ambitions

     L'un, Vincent Momper, est président du Sélestat Alsace Handball, l'autre, Jean-Paul Billig, directeur sportif du Mulhouse Handball Sud Alsace. Les deux, anciens joueurs (et même entraîneur et président pour le deuxième), parlent de leur club et évoquent le derby.

  - Le fait d'être ancien joueur constitue-t-il un plus dans votre fonction de dirigeant ?
- Vincent Momper : C'est indéniable, ne serait-ce qu'en terme de crédibilité vis-à-vis des joueurs. Par moments, je leur tiens presque un discours de coéquipier. Après le match nul à Angers, il n'y a pas eu d'éclat de voix. Avoir moi-même vécu de tels moments me permet de mieux les appréhender.
- Jean-Paul Billig : Je ne sais pas si cela est un plus. Ce que je sais, c'est qu'il n'est pas évident de trouver des personnes qui adhérent aux projets sportifs. Ce sont souvent des gens du cru qui s'investissent. Passer de joueur à dirigeant est quelque part une démarche naturelle.
- Quel objectif votre club s'est-il fixé ?
- V.M. : A court terme, nous visons la montée. A moyen terme, nous aimerions jouer autre chose que le maintien en D1. Il y a beaucoup de choses à faire pour y parvenir, mais nous y travaillons. Il a été question de fusion avec Colmar ou Strasbourg, mais tout cela est assez compliqué. Nous explorons d'ailleurs d'autres pistes.
- J.-P.B. : On partait dans l'inconnu après avoir chamboulé toute l'équipe. Nous avons misé sur des joueurs revanchards, mais il n'était pas évident que la mayonnaise prenne. On voulait assurer le maintien le plus tôt possible (c'est chose faite, ndlr), pour ne pas revivre une saison "galère".
- Disposerez-vous des moyens nécessaires pour évoluer en D1 ?
- V.M. : Au niveau des finances, nous aurions, dans l'état actuel des choses, le plus petit budget de D1. Nous œuvrons pour trouver des solutions et un match comme celui-là peut nous être utile en terme d'exposition. L'avantage est que nous avons le savoir-faire pour avoir longtemps fréquenté le plus haut niveau.
Pour ce qui est des joueurs, l'équipe actuelle, renforcée par deux ou trois éléments de qualité, pourrait jouer un rôle intéressant en D1. On s'active. Cela fait plus d'un mois que je rencontre les joueurs en fin de contrat et ceux-là m'ont fait part de leur envie de rester.
- J.-P.B. : Nous sommes encore très loin de la D1. C'est vrai que la victoire appelle la victoire. Mais nous ne sommes sûrs de rien. L'effectif est plus étoffé que l'an passé, mais on n'est pas à l'abri d'une blessure. Quand une montée se présente, il faut la prendre. Si c'est trop tôt ? Seul l'avenir peut le dire. Je pense que les collectivités suivraient, les partenaires aussi.
- Votre classement actuel vous semble-t-il normal, vous surprend-il ?
- V.M. : Depuis le début de saison, j'ai entière confiance dans le groupe, qui affiche un état d'esprit remarquable. Cette place de leader n'est que le résultat du travail des joueurs.

« Le vainqueur emmagasinera beaucoup de confiance »

      Le classement de Mulhouse est, en revanche, une surprise. Mais une bonne, une très bonne surprise. Je les pensais amplement capables de se maintenir, mais là, chapeau !
- J.-P.B. : Ce n'est pas de la fausse modestie, mais notre classement est une agréable surprise !
- Ce derby constitue-t-il un tournant ?
- V.M. : C'est un match forcément particulier, mais ça reste un match. On peut le perdre et monter en fin de saison comme on peut le gagner et ne pas monter. J'aimerais assez qu'on le gagne et qu'on finisse par monter...
- J.-P.B. : Il restera encore beaucoup de journées. Mais le vainqueur, juste avant la trêve, emmagasinera beaucoup de confiance. C'est davantage un tournant pour les Sélestadiens. Ils sont à domicile et ont affiché clairement leur ambition : la montée ou rien.
- Avez-vous une anecdote concernant un derby entre Mulhouse et Sélestat ?
- V.M. : Je n'en ai pas joué beaucoup, mais j'en ai une. En 86-87, nous avions rencontré, en N1b, le FC Mulhouse de Franck Voné. On s'était croisé en UNSS et on n'était pas vraiment copains. On s'était pas mal frictionné. Un an après, Franck débarquait à Sélestat. C'est devenu mon meilleur ami et le parrain d'Antoine, mon fils.
- J.-P.B. : Je crois avoir joué contre Vincent quand j'étais gardien à l'ASCA. Ce derby n'a pas l'intensité de ceux d'antan. Mon seul regret, c'est de ne pas jouer au Palais des Sports. Selon le classement lors du match retour, ce n'est pas sûr qu'il y ait le même engouement.
- On se mouille : un pronostic ?
V.M. : Ouh là, il faut vraiment ? Allez, je me lance : victoire de trois à cinq buts pour Sélestat.
J.-P.B. : Je verrais bien un match nul. Cela contenterait tout le monde, surtout nous !

S.G. et A.V.